Cher Patou,
C’est avec une grande émotion que je te partage ces quelques lignes,
Quand j’étais petit, je me souviens quand tu nous regardais, il y avait ce regard fier et attendri de nous voir grandir, évoluer et s’épanouir. Regard que tu avais encore pour tes quatre arrières petits enfants ces dernières années.
En grandissant un peu, j’ai compris à travers toi d’où venait cette énergie, cette envie « Chiron ». À travers toi, j’ai appris à mieux comprendre mon père, et mieux comprendre ce qui vous unissait, toi, Manou, BRUNO et mon père. L’énergie, le travail, s’occuper, s’occuper des autres, se rendre utile toujours, sans répits, sans repos et sans se plaindre surtout. Mais au contraire se réjouir d’être utile, de pouvoir faire des choses de ses mains, de fabriquer et j’en passe.
Après il y a eu notre adolescence où l’on passait beaucoup d’été ici, avec vous, à regarder le Tour de France, à aller aux Chambeau récolter, pour ensuite s’assoir autour d’une table dans la cuisine ou dans le jardin chez bruno sous le cerisier pour équeuter la récolte de maugettes ou de haricots vert du jours. Et là on parle en travaillant, on parle à petits coups et là aussi la musique des mots semble venir de l’intérieur, paisible, familière. Parfois, on relève la tête pour regarder l’autre à la fin d’une phrase. Mais l’autre doit garder la tête penché, c’est dans le code. On parle de travail, de sport, de récolte et de moisson.
Et pis parfois pendant la sieste, on s’amusait à te réveiller avec le pop pop pop. Chose qui t’amusait que moyennement mais qui est devenu légendaire aujourd’hui.
Ces dernières années, nos échanges étaient parfois succinct, bref, efficient aussi. On utilisait le nombre de mots suffisants pour dire ce que l’on voulait dire. « Tiens, tu fume des roulés toi!? », « oui, je préfère », « moi aussi, mais de mon temps ont les fumait sans filtre ».
Après comme tout Chiron, il y a toujours un moment, le bon moment, qu’il faut parfois chercher, où les phrases se rallongent, les conversations se prolongent. En général, et je vais parler d’un point commun que j’avais avec toi, c’était plutôt vers l’heure de l’apéro. Coutumes ancestrales, moment suspendu après la journée, où nous avons échangé sur tes années dans l’armée en Algérie, vos nuits blanches avec Manou au château d’Olbreuse pour travailler lors de fêtes, les retours du foot avec la maison remplit de monde qui venait déjeuner …
Aujourd’hui Patou, tu peux nous regarder en étant fier de ton héritage. Fier d’avoir aussi bien porté ce beau prénom, Aimé. Tu as aimé ta femme, tes enfants, tes petits enfants, tes arrières petits-enfants, les gens de ton village qui comptait tant pour toi, tu as aimés chaque moment dans votre maison que tu as construite de tes propres mains.
Mais aussi tu as été aimé, profondément et sincèrement. Tu es Aimé.
Mon cher Patou, repose toi maintenant, tu peux être fier de toi, de la famille que tu laisses en héritage et des valeurs qui l’accompagne chaque jour.
Je t’imagine maintenant passer dans une lumière blanche, assis sur ton motoculteur, en T-shirt blanc et pantalon de travail avec ta casquette sur la tête… Nous sommes aujourd’hui encore derrière toi à te regarder avec amour et fierté comme nous l’étions dans la remorque.