J'ai appris le décès de Monsieur Lacroix il y a seulement quelques jours ; j'ai été extrêmement choqué puis bien sûr très attristé ; comme tout le monde je n'imaginais pas une disparition si soudaine.
Je ne sais pas si ces lignes seront lues, mais je tenais à les écrire.
J'ai travaillé avec Monsieur Lacroix pendant plus de 15 ans à l'Observatoire de Paris où j'étais son "supérieur" hiérarchique. La première fois que je l'ai rencontré - le 1er avril 1993 lors de ma prise de fonction comme responsable technique du campus de Paris de l'Observatoire – il était en tenue de jardinier, et ce qui a immédiatement retenu mon attention, c'était son sourire ; l'accueil a été chaleureux, le contact facile, il avait ce don. Le soir même, il me semble, je l'ai vu sortir de l'Obs. en "tenue de ville", et là, ouah, c'était frappant, en plus du sourire, il avait une élégance naturelle, une telle prestance, que de suite on ne voyait plus le jardinier mais une sorte de star de cinéma.
Bien sûr au cours de ces 15 années, nous avons eu quelques accrochages – comment aurait-il pu en être autrement sur une si longue période – car Monsieur Lacroix avait quelquefois, " le sang chaud ", (sans doute à juste raison car je ne suis pas sûr d'avoir toujours pris les bonnes décisions) mais cela ne durait guère et ce qui reste dans mon souvenir c'est une relation de travail qui pour moi fut facile, ce qui n'ait pas rien quand une relation de travail a duré si longtemps.
Les premières années ce qui m'impressionnait le plus c'était son savoir encyclopédique en botanique, nom commun, nom latin, caractéristiques de la plante, de l'arbuste, de l'arbre, comment il fallait s'en occuper, il savait tout ! Il était même capable de produire ses fleurs en partant de graines qu'il plaçait sous châssis, dans un mélange de paille et de fumier de cheval (bonjour l'odeur) ; ensuite rempotage en godet, etc. etc. bref il maitrisait tout de A à Z : chapeau !
Au bout d'un moment, il a commencé à avoir envie d'élargir son univers de travail, et peu à peu a acquis des connaissances dans les travaux de second œuvre : plomberie, chauffage, électricité, plâtrerie, menuiserie ... et, c'est là qu'il est devenu pour moi, un très précieux collaborateur.
Durant mes congés, ou lorsque j'étais occupé ailleurs, les week-ends, la nuit quels que soient les problèmes à résoudre, les incidents techniques à traiter, il intervenait et faisait face, prenant les bonnes décisions pour en arrêter au plus vite les conséquences, pour essayer de remettre en marche ce qui pouvait l'être sans l'intervention de spécialistes.
(L'Etat reconnaitra d'ailleurs son savoir et ses compétences en lui octroyant le grade d'Assistant d'ingénieur)
Il avait ce que l'on appelle le sens du devoir, ou je dirai plus simplement, qu'il avait le sens du bien commun.
Quelle tranquillité d'esprit de pouvoir se reposer sur un homme tel que lui.
Si j'avais à le résumer d'un mot, je dirais que c'était un homme à qui on pouvait faire confiance.